Du rififi dans le 16ème
Oyez braves gens, oyez ! Je vous l'annonce avec fierté, le défi a été relevé, le gant a été ramassé, je l'ai lue.
Quoi donc me direz-vous ?
En effet, au début de l'été, j'ai -imprudemment- souscrit à une idée développée par la colinophile, à savoir lire ou relire pendant l'été une saga, et vous en parler ici, et ce avant le 1er octobre...
J'ai lu, et le temps a passé, et aujourd'hui je réalise, que le 1er octobre, c'est lundi. Et que je ne vous ai point raconté.
Je ne vous ai point raconté parce que je ne savais pas de laquelle parler !!
- L'Assassin Royal de Robin Hobb mais je n'en suis qu'au 5ème tome...
- Les Rois Maudits de Maurice Druon, mais je vous en ai déjà parlé, il me semble...
- Fortune de France de Robert Merle, mais il y en avait trop à dire...
- Jalna de Mazo de la Roche, mais ma mère qui devait me ramener au Donjon ses 16 tomes qui l'encombrent ne l'a pas encore fait !
Alors, je vais vous parler de la -petite- saga laissée par ma chère môman dans l'appartement des vacances (Ne me demandez pas de qui je tiens ce goût immodéré pour la lecture) :
Les Eygletière de Henri Troyat.
Pff vous dites-vous, encore Troyat ! C'est vieux, c'est démodé, ça nous bassine !
Oui. (Les Réclamations sont à adresser à Mme la maman de Soeur Anne, avenue des troyatophiles, XXX)
Mais non.
Parce que, sous la peinture de la société disparue des années 50 se cache une réalité toujours bien présente. (A ce sujet, certaines des chroniques d'Alix, ou Zaboo, ou FD, ou Khey sont très parlantes).
Et là, vous me direz "C'est quoi le pitch" ?
Je vous répondrai "Zut", parce que j'abhorre cette expression anglicisante qui vise simplement à demander "Quelle est l'histoire".
L'histoire donc, c'est celle d'une famille. Celle de Philippe Eygletière, avocat d'affaires installé, bourgeois et cossu. Remarié avec une femme plus jeune que lui, et père de 3 enfants de son premier mariage.
L'atmosphère est respectable et pesante, étouffante. Le geste le plus banal est cérémonieux. Le père est un pater familias craint et redouté. Indifférent et sûr de lui.
Petit à petit, son ordre rigide et autocentré va se fendiller, se lézarder. Sa femme en sera en grande partie responsable, ainsi que sa fille. Il est d'ailleurs curieux de constater que dans cette saga comme dans d'autres, chez Troyat ce sont souvent les femmes qui font voler en éclats les artifices et les faux-semblants.
A la fin de l'histoire, il ne restera plus rien de cette belle image lisse (Rassurez-vous, je ne vais pas vous raconter la fin). Une seule personne, honnête et sincère, restera fidèle à elle-même, car elle s'est dépouillée depuis longtemps de toutes ces simagrées.
Je vous invite à la lire, à la découvrir ou à la redécouvrir. l'analyse des sentiments y est fine et juste. Le verbe est clair et précis. Les personnages attachants. Vous ne les oublierez pas.
Henri Troyat. Les Eygletière. Tome 1 Les Eygletière
Tome 2 La faim des lionceaux
Tome 3 La malandre.